Introduction
Face à l’urgence climatique et aux bouleversements écologiques qui redessinent notre monde, la transition écologique s’impose comme une transformation structurelle incontournable. Ce n’est plus seulement une contrainte environnementale : c’est une formidable opportunité de repenser nos modes de production, de consommation, et, au fond, notre modèle économique tout entier.
Pour les entreprises, cette transition constitue à la fois un défi et un levier. Comment conjuguer compétitivité et durabilité ? Comment anticiper des réglementations toujours plus exigeantes ? Comment attirer et fidéliser des talents engagés ? Ces questions sont au cœur des préoccupations des professionnels des ressources humaines et des dirigeants, qui doivent repenser la gestion des compétences à la lumière de ces mutations.
La transition écologique mobilise en effet un éventail de compétences, à la fois techniques, comportementales et managériales. Elle implique d’adapter les métiers existants, de soutenir les reconversions, de développer des formations adaptées, et d’accompagner les collaborateurs dans l’acquisition de nouvelles expertises. Plus qu’une évolution, il s’agit d’une véritable révolution des compétences, dont dépendra la réussite d’une économie plus juste, plus résiliente et plus respectueuse de la planète.
Cet article a pour ambition d’éclairer ces enjeux, de partager des propositions concrètes issues des réflexions portées par le MEDEF et ses partenaires, et de mettre en lumière des initiatives inspirantes déjà à l’œuvre sur le territoire. Ensemble, faisons de cette transformation une chance : celle d’investir dans l’humain, de stimuler l’innovation et de construire un futur durable.
I. Comprendre les enjeux de compétences dans la transition écologique
I. Comprendre les enjeux de compétences dans la transition écologique
1. Une transformation structurelle de l’économie
La transition écologique n’est pas un simple ajustement. Elle transforme en profondeur notre manière de produire, de distribuer et de consommer. Portée par des objectifs ambitieux — comme la neutralité carbone d’ici 2050 et la réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 —, elle induit des changements radicaux dans tous les secteurs d’activité.
Au-delà des enjeux techniques (énergies renouvelables, rénovation thermique, mobilité bas carbone…), la transition écologique bouleverse la structure même de l’emploi. Selon la Stratégie emplois et compétences pour la planification écologique, jusqu’à 500 000 emplois pourraient émerger d’ici 2030, et près de 2,8 millions de personnes devront être formées sur la même période. Cela montre l’ampleur des besoins et l’urgence d’une adaptation à grande échelle.
2. Des enjeux identifiés et partagés
Le MEDEF, à travers son groupe de travail interprofessionnel, a identifié dix enjeux majeurs :
- La transition écologique porte un fort potentiel de création d’emplois.
- La formation initiale et continue doit être massivement renforcée.
- L’orientation des jeunes vers les métiers de la transition est cruciale.
- L’accompagnement des entreprises et des actifs dans les secteurs en reconversion est indispensable.
- La coordination des acteurs publics et privés est déterminante.
- La majorité des métiers évolueront plutôt qu’ils ne disparaîtront ou n’apparaîtront ex nihilo.
- Les certifications doivent intégrer systématiquement les référentiels de la transition écologique.
- Il faut réduire la part de diplômés qui ne travaillent pas dans leur domaine de formation, au service des objectifs climatiques nationaux.
- Les besoins d’emploi et de formation doivent être analysés à l’échelle territoriale.
- Les entreprises ont besoin de visibilité et de stabilité réglementaire pour s’engager pleinement.
Ces constats, partagés par l’ensemble des partenaires du dialogue social, traduisent une conviction : la transition écologique ne pourra réussir sans un investissement massif dans les compétences.
3. Des défis spécifiques pour les professionnels RH et les dirigeants
Pour les DRH et les dirigeants, ces mutations posent des questions concrètes :
- Comment identifier les compétences stratégiques à développer ?
- Comment accompagner les salariés vers de nouvelles pratiques plus durables ?
- Comment adapter l’offre de formation et favoriser les reconversions ?
- Comment valoriser la marque employeur autour d’un engagement écologique sincère ?
Anticiper les besoins, cartographier les compétences, mobiliser les dispositifs de financement, collaborer avec les branches et les organismes de formation : la transition écologique devient un chantier prioritaire pour les fonctions RH, qui ont un rôle clé à jouer dans cette mutation historique.
II. Des propositions concrètes pour accompagner la montée en compétences
II. Des propositions concrètes pour accompagner la montée en compétences
Face à l’ampleur de la transition écologique, il est indispensable de traduire la prise de conscience en actions concrètes. C’est tout le sens des 10 propositions formulées par le MEDEF, qui visent à placer la compétence au cœur d’une économie durable. Ces leviers pratiques permettent aux entreprises, aux branches professionnelles et aux acteurs publics de travailler de concert pour accélérer la transformation.
1. Placer le dialogue social au cœur de la dynamique
La première proposition est de renforcer le dialogue social autour des enjeux emplois-compétences liés à la transition écologique. Pourquoi ? Parce que seule une concertation étroite avec les partenaires sociaux permettra d’intégrer réellement les besoins des entreprises, de mieux anticiper les reconversions et de sécuriser les parcours professionnels. Faire de la transition un sujet partagé, c’est lui donner plus de chances de réussir.
2. Adapter les formations et certifications
L’offre de formation doit évoluer en profondeur :
- Insérer les enjeux écologiques dans tous les référentiels de certification,
- Simplifier l’inscription des certifications aux répertoires nationaux,
- Encourager une adaptation locale des diplômes en fonction des réalités territoriales,
- Former les formateurs et enseignants pour leur permettre de relayer la culture de la transition auprès des apprenants.
Ces mesures concrètes visent à garantir que chaque diplôme, chaque titre professionnel, soit en phase avec les attentes d’une économie bas carbone.
3. Accompagner les TPE-PME dans leur gestion des compétences
Les petites et moyennes entreprises doivent être soutenues spécifiquement, car elles ont souvent moins de ressources pour anticiper les mutations. Cela passe notamment par :
- Un recentrage des missions des opérateurs de compétences (OPCO) pour mieux accompagner les TPE-PME,
- Un renforcement de la prestation de conseil en ressources humaines (PCRH),
- Un maillage territorial plus dense pour apporter des réponses de proximité.
Ces dispositifs sont essentiels pour permettre aux petites structures de ne pas subir la transition écologique, mais d’en faire un levier d’opportunités.
4. Consolider le pilotage national et régional
Un pilotage cohérent est fondamental : la planification écologique ne peut se limiter à des initiatives dispersées. Il faut :
- Donner un rôle moteur au Secrétariat général pour la planification écologique (SGPE),
- Assurer une cohérence entre les politiques de l’emploi, de la formation, et les ambitions climatiques,
- Développer des instances de coordination régionales pour adapter les actions aux réalités locales.
Cette gouvernance renforcée sécurisera les entreprises et favorisera une montée en compétences structurée et partagée.
5. Orienter les financements et garantir la visibilité
Enfin, l’enjeu du financement ne doit pas être sous-estimé. Former des millions de salariés et dirigeants aux défis écologiques implique :
- De mobiliser durablement les fonds publics (CPF, Pactes régionaux, dispositifs de transitions collectives),
- De garantir une stabilité réglementaire et budgétaire pour que les entreprises puissent investir avec confiance,
- De faciliter la prise en charge des formations, notamment pour les dirigeants de TPE-PME.
La visibilité et la lisibilité des dispositifs sont des conditions sine qua non pour engager des parcours de formation ambitieux et répondre aux besoins du marché de demain.
III. Bonnes pratiques et initiatives inspirantes en région
III. Bonnes pratiques et initiatives inspirantes en région
La réussite de la transition écologique passe par l’action locale et la mobilisation de tous les territoires. Partout en France, des initiatives concrètes émergent pour outiller les entreprises, former les salariés et diffuser une culture de la durabilité. Ces expériences inspirantes constituent un vivier d’idées transférables à d’autres régions et à d’autres secteurs.
1. Panorama des initiatives du réseau MEDEF
The Progress Factory (Auvergne-Rhône-Alpes)
Lancée en 2023, cette école dédiée à la RSE et à la transition environnementale accompagne les entreprises vers une croissance responsable. Son approche pragmatique, adossée à une certification Qualiopi, en fait un modèle pour développer des compétences adaptées aux enjeux climatiques.
Les ateliers emplois-compétences (Pays de la Loire)
Animés par le MEDEF Pays de la Loire avec le soutien de la DREETS, ces ateliers associent témoignages, échanges de pratiques et accompagnement concret. Ils favorisent la montée en compétences des entreprises sur les questions écologiques, tout en créant une dynamique territoriale forte.
Parcours RSE Bretagne
En collaboration avec EDF et la Banque Populaire du Grand Ouest, le MEDEF Bretagne propose trois parcours différenciés selon le niveau de maturité RSE des entreprises. Des ateliers collectifs et des accompagnements individuels leur permettent de progresser graduellement, renforçant à la fois les savoir-faire et la cohésion autour de la transition.
Alcyon Sud (MEDEF Sud)
Ce forum régional a mis en lumière les métiers « verts » et les opportunités professionnelles liées à la transition. En réunissant employeurs et candidats lors de rencontres BtoB, il favorise l’émergence de vocations et valorise l’attractivité des filières vertes.
Les Matinales TREE (Grand Est)
Organisées en partenariat avec l’Apec, ces rencontres mettent en avant l’évolution des métiers dits « verdissants » et les attentes des candidats vis-à-vis des entreprises. Elles offrent aux dirigeants des clés de compréhension pour adapter leur marque employeur et mieux répondre aux aspirations de talents engagés.
Groupe de travail compétences numériques et écologiques (Occitanie)
Porté par le MEDEF Occitanie, ce dispositif anticipe les besoins croisés entre numérique et transition écologique, renforçant la double compétence, de plus en plus recherchée sur le marché.
Ateliers « Mon entreprise et son parcours de transition » (Normandie)
Ces ateliers, organisés de décembre 2023 à décembre 2024, ont permis à des PME normandes de s’initier aux enjeux écologiques et de partager de bonnes pratiques concrètes, favorisant l’échange et la coopération.
Dispositifs de diagnostic en Centre-Val de Loire
Avec l’appui de l’ADEME, le MEDEF Centre-Val de Loire propose des diagnostics stratégiques en entreprise pour identifier les besoins précis en matière de compétences, favorisant ainsi une approche sur-mesure de la montée en compétences.
Projets de sensibilisation des jeunes (Corsica)
Des interventions sont organisées dans les lycées et auprès des jeunes pour leur présenter les métiers d’avenir liés à la transition écologique, contribuant à susciter des vocations.
Ateliers avec The Shift Project (Réunion)
Ces ateliers associent expertise scientifique et animation RH pour accompagner les entreprises locales dans l’intégration des enjeux emplois-compétences de la transition écologique.
2. Bonnes pratiques à retenir
De ces initiatives, plusieurs enseignements peuvent inspirer l’ensemble des acteurs :
✅ Multiplier les partenariats écoles-entreprises pour orienter les jeunes vers les métiers de la transition.
✅ Déployer des dispositifs d’accompagnement adaptés à la taille et aux moyens des entreprises.
✅ Organiser des ateliers collaboratifs pour favoriser le partage d’expérience entre pairs.
✅ Soutenir des diagnostics stratégiques pour mieux cibler les formations nécessaires.
✅ Mettre en place des forums métiers et des villages de l’emploi vert pour attirer et sensibiliser les talents.
Ces bonnes pratiques illustrent l’importance d’une approche territoriale, collaborative et pragmatique. Elles montrent que la transition écologique n’est pas un projet hors sol, mais qu’elle doit s’enraciner dans les réalités économiques et humaines des territoires.
3. Des exemples transférables à d’autres régions ou secteurs
Ce qui fait la force de ces initiatives, c’est leur adaptabilité. Un forum de l’emploi vert peut se déployer dans n’importe quelle région ; une école de la RSE peut inspirer d’autres branches professionnelles ; un parcours d’accompagnement collectif peut être transposé à des entreprises industrielles comme à des services.
Les professionnels RH et les dirigeants ont ici une formidable opportunité : s’inspirer, mutualiser et reproduire ce qui fonctionne ailleurs, tout en l’adaptant aux spécificités de leur activité.
Conclusion
La transition écologique n’est pas seulement un impératif environnemental : elle est un projet de société, un nouveau contrat économique et social. Son succès repose sur la capacité collective à anticiper les transformations, à outiller les acteurs, et à investir massivement dans le développement des compétences.
Pour les professionnels RH et les chefs d’entreprise, la responsabilité est grande, mais aussi porteuse de sens et d’opportunités. Accompagner les collaborateurs, soutenir les parcours de reconversion, repenser les formations, valoriser la coopération territoriale : ces leviers sont essentiels pour transformer la contrainte climatique en moteur de compétitivité durable.
Le dialogue social, la coopération public-privé et l’engagement territorial doivent devenir des réflexes. Les nombreuses initiatives portées par le réseau MEDEF, que ce soit à travers des écoles de la transition, des parcours d’accompagnement RSE, des ateliers ou des forums métiers, montrent que l’action collective est déjà en marche. Il s’agit désormais de l’amplifier, de la diffuser, et d’en faire un pilier de la croissance de demain.
Plus que jamais, les compétences sont la clé. Elles permettront d’innover, d’adapter nos modèles, et de répondre à la fois aux attentes sociétales et aux impératifs de performance. La transition écologique est un défi immense, mais c’est aussi une formidable chance de bâtir un avenir plus juste, plus responsable et plus prospère.
👉 Professionnels RH, dirigeants, entrepreneurs : engageons-nous ensemble pour faire des compétences le cœur battant de la transition écologique !