Veille légale et réglementaire / Veille RSE Formation

Le marché de la formation n’est pas en crise.

Il est en mutation (et beaucoup d’OF ne l’ont pas encore compris)

Soyons honnêtes deux minutes.

Le marché de la formation professionnelle n’est plus simplement “tendu”.
Il est en train de changer de nature, sous nos yeux.
Et une grande partie des organismes de formation continue à fonctionner comme si 2025 était une simple répétition de 2024.

C’est là que se situe le vrai danger.

Le vrai risque : l’illusion de stabilité

Ce n’est pas :

  • la concurrence,
  • la réglementation,
  • ni même la fin annoncée de certains financements.

👉 Le vrai risque, c’est de croire que le modèle actuel va tenir encore quelques années sans adaptation profonde.

Or, tous les signaux faibles (et forts) disent l’inverse.

Les budgets formation se resserrent.
Les entreprises arbitrent plus vite.
Les apprenants veulent des résultats concrets, rapidement transférables.
Et l’IA redistribue déjà les cartes, autant sur les contenus que sur les formats.

2025 ≠ 2026.
Penser le contraire, c’est prendre un risque stratégique majeur.

Des chiffres qui confirment la bascule

Les dernières données sectorielles parlent d’elles-mêmes :

  • +18 % d’inscriptions sur les formats courts, ciblés et opérationnels
  • –9 % sur les formations dites “génériques”, trop larges ou peu différenciantes
  • 1 apprenant sur 2 exige du blended learning (présentiel + distanciel + ressources) — sinon, il va voir ailleurs
  • Le CPF : moins de volume, mais beaucoup plus d’exigence sur la qualité, la preuve de valeur et l’expérience apprenant

👉 Le message est clair :
le temps des catalogues “fourre-tout” touche à sa fin.

Un modèle économique de la formation en recomposition

Comme le souligne Jean-Pierre Willems, consultant en formation professionnelle, le secteur connaît une recomposition structurelle profonde.

Des frontières qui se brouillent

Formation initiale, apprentissage, formation continue financée, marché libre…
Les frontières sont devenues poreuses.

« Depuis six ans, ces champs sont devenus poreux. »
— Jean-Pierre Willems

Certains organismes ont basculé vers l’apprentissage.
D’autres ont quitté le marché tiers payant pour aller vers le marché libre, avec une relation client directe, plus exigeante… mais aussi plus responsabilisante.

Le recul du marché financé sur fonds publics

Le marché de la formation continue financée par des tiers (Région, France Travail…) est celui qui se contracte le plus fortement, avec –17 % au niveau national en 2024.

Conséquence :

  • pression accrue sur les marges,
  • nécessité de réduire les coûts,
  • repositionnement stratégique incontournable.

L’apprentissage : un modèle sous tension

L’apprentissage reste massif, mais son avenir est moins linéaire qu’il n’y paraît :

  • baisse des aides,
  • reste à charge pour les employeurs,
  • diminution des niveaux de prise en charge,
  • pression démographique à venir.

Les CFA cherchent désormais à stabiliser :

  • rationalisation des filières,
  • évolution des modèles pédagogiques,
  • partenariats,
  • recours à la sous-traitance.

Le vrai basculement : de la formation au service rendu

C’est sans doute le point le plus structurant.

Aujourd’hui, on peut suivre une formation… sans acquérir de compétence réelle.
Et les chiffres sont sans appel : selon le Céreq, une personne formée sur deux ne parvient pas à transférer ses acquis en situation professionnelle.

👉 Le problème n’est donc pas le manque de formation.
👉 Le problème, c’est le manque de valeur d’usage.

Les attentes ont changé. Les apprenants recherchent :

  • de la personnalisation,
  • une expérience apprenant engageante,
  • une reconnaissance sociale,
  • un bénéfice professionnel clair.

« Ce qui compte aujourd’hui, c’est moins la formation que le service rendu. »
— Jean-Pierre Willems

Les OF qui performent aujourd’hui ont 3 points communs

Malgré ce contexte mouvant, certains organismes se développent fortement.

Ils partagent presque tous trois caractéristiques clés :

1️⃣ Une offre ultra ciblée

Fini les catalogues généralistes.
Place à des offres pensées pour un public précis, un besoin clair, un usage identifié.

2️⃣ Un système d’acquisition prévisible

Moins de dépendance aux posts viraux ou aux opportunités aléatoires.
Plus de stratégie, de lisibilité, de récurrence.

3️⃣ Une expérience apprenant premium

Pas seulement des vidéos déposées sur un LMS.
Mais :

  • des parcours scénarisés,
  • de l’accompagnement,
  • de l’interaction,
  • de la mise en pratique,
  • du suivi post-formation.

Et vous, votre OF sera dans quelle case en 2026 ?

👉 Celui qui :

  • innove,
  • personnalise,
  • repense ses formats,
  • assume un positionnement clair,
  • place la compétence réelle au centre ?

👉 Ou celui qui :

  • répète le même catalogue,
  • espère que “ça va passer”,
  • subit les arbitrages budgétaires,
  • découvre trop tard que le marché, lui, a déjà avancé ?

La mutation est en cours.
Elle n’est ni bonne ni mauvaise.
Mais elle est incontournable.

La question n’est plus si le modèle change.
La question est qui aura pris le virage à temps.

Sources

  • INSEE – Tendances de la formation professionnelle 2025
  • Centre Inffo – Baromètre de la formation 2025
  • France Compétences – Analyse des dépenses CPF 2024–2025
  • LinkedIn Learning – Workplace Learning Report
  • Jean-Pierre Willems – La formation, un modèle économique en mutation (Choisir mon métier – Pays de la Loire)